Comme on le voit, les Parages ne sont pas des terres propices à la Foi. Pourtant, ces lieux sont emprunts d'une intense spiritualité. La culture du défi ainsi que le respect des traditions ont donné naissance à de nombreux cultes héroïques.

   LA PIQUE
                 SANGLANTE

  L'Invasion
Depuis bien longtemps, les hommes de l'ouest cherchent à envahir les plaines des Parages. Bien avant qu'ils ne se sacrent "princéens", après le Septentrion, alors que déjà le Voile des Brumes s'était étendu sur le monde, l'empire de l'ouest lança la plus grande de ses armées sur les flancs de nos montagnes et de nos plaines.
Cette armée fut la plus
impressionnante. Des hommes harnachés de fer montaient à l'assaut des tribus et enlevaient leurs femmes et leurs enfants pour en faire leurs esclaves. Sans se soucier des règles de l'honneur, ils décapitaient les héros et piétinaient leurs corps.
Bien entendu, la valeur des paragéens était déjà fort grande, et si leurs forces s'étaient alliées, les troupes du Septentrion auraient été balayées comme des fétus de paille devant le vent des sommets. Hélas Morkh en avait décidé autrement. L'esprit du défi soufflait fort et les clans ne songeaient pas à s'allier, tant la gloire de vaincre un adversaire de cette taille serait matière à des chansons sublimes.

Après quelques mois de bataille, un homme sut se rendre à l'évidence. Elhderic Kröhne, alors chef du clan de la Plaine-Corbeau, avait perdu ses trois fils contre les flèches septentriennes. Son hall était décoré des têtes de leurs assassins, mais nulle joie n'y régnait plus. Pas un membre de sa famille n'avait échappé aux représailles, et ses cultures étaient anéanties.
A choisir entre changer la coutume ou mourir, Elhderic choisit la voie paragéenne.

malheur, une créature volante commença à décimer les villageois valides. A sa vue, les anciens perdirent la raison, et Elhderic dut mettre fin lui-même à leurs jours.
Puis il sortit pour affronter la créature. Se servant de son neveu, le dernier membre vivant de sa famille, il réussit à faire sortir la bête, une colossale ombre des glaces aux ailes parsemées d'étoiles et la vainquit. Puis il décida de porter sa demande à Morkh lui-même. Malgré la tempête et les vents hurlants, il chercha à escalader le Ben Morkh.

  La Quête

Ses pas le conduisirent au pied de la montagne, mais même sa hargne légendaire ne fut pas suffisante à le mener au sommet. Par sept fois il fit l'ascension de la moitié du mont. Par six fois une bouffée de vent froid vint le frapper et le repousser en bas des pentes abruptes. La septième fois, les flocons de glace coupante lui enlevèrent la vue.
Il chut dans un torrent glacé, et fut emporté par ses eaux.

A son réveil, Elhderic fut surpris de se retrouver encore en vie. Un son parvint à ses oreilles. Celui des Hurlantes, les chutes des Glaciers bleus. Il s'était échoué sur le bord du torrent, à quelques mètres de la cataracte assourdissante. Puis un rire l'accueillit, et il comprit à qui il devait la vie. Les Filles Rouges des Chutes l'avaient sauvé. Ces créatures étaient les servantes de la Dame du Déclin, une des rivales de Morkh. Elles vivaient là à attendre les nageurs imprudents pour les mener dans leurs tanières sous-marines afin d'aspirer leurs derniers souffles dans un baiser. Leur seule vue rendait fous les hommes. Ce fut donc une surprise pour elles lorsque ce guerrier se dressa devant elles sans broncher. Elles firent de leur mieux pour le maîtriser. Par le charme d'abord, puis par la ruse, et enfin par la force des armes. Chacune de leurs tentative fut un échec tant était grande la valeur d'Elhderic l'aveuglé.

Sur les conseils d'un magicien vagabond, et malgré les exhortations des anciens de la tribu, il dit à ses hommes de rechercher l'alliance avec d'autres tribus qui, comme la sienne, avaient souffert de la guerre, à rechercher la force dans le nombre.
Un répit fut gagné contre la menace de l'ouest et les légions septentriennes, mais au bout d'une saison, il fut clair que la faveur de Morkh s'était écartée des Plaine-Corbeau. Les brebis refusèrent de mettre bas et moururent leurs petits au ventre. Les guerriers attrapèrent maladies et maux divers et, comble du

Page précédente
5
Page suivante