les jus se mêlèrent et donnèrent naissance aux automnins. Ils se mêlèrent aux humains et en apprirent le vol et l'art de parler faux. Contrairement aux promesses des saisonins, ils n'utilisèrent cependant leur talent pour la duplicité que dans le but de combattre les Grands Monstres qui alors encore habitaient l'Harmonde. Puis ils demandèrent entrevue avec le conseil des anciens. Comme deux fois auparavant, le conseil accepta l'entrevue, mais refusa la requête de ces saisonins qui désiraient que soient élaguées les racines de l'arbre afin que n'en naissent pas les porteurs de la stase, hérauts de l'immobilisme.
Une fois encore, le conseil refusa.

Aux premières neiges, des tunnels s'ouvrirent au pied de l'arbre, et les saisonins de l'hiver, menés par les nains, sortirent au grand jour. Ils décidèrent de ne pas être avares et firent leurs la quête de tout ce que les humains pourraient leur apprendre. Contrairement aux autres,

 

durent vite se rendre compte de leurs faiblesses. Les printannins profitaient de leurs charmes pour pénétrer dans les camps et massacrer à la faveur de la nuit les femmes et enfants, laissant des villages sans avenir derrière eux. Les peuples de l'été arrivaient en force, et rien ne pouvait résister à leurs assauts, alors que même les puissants géants semblaient avoir décidé la mort de leurs anciens alliés. Quant aux automnins, ils volaient jusqu'à la chaleur de leurs adversaires, ainsi que leur courage.

Alors que chaque peuple s'entredéchirait avec ses voisins, les saisons alternaient dans un chaos total. Les feuilles de l'Arbre fleurissaient, ses fruits pourrissaient avant même d'être matures. Oh, combien d'aberrations naquirent de ce gâchis. A la fin, même cette incarnation de la Nature ne put supporter cette rage.
Une à une ses branches se fragilisèrent, puis noircirent. Après quelques années de guerre, l'Arbre était mort, et seul un héros,

ils ne demandèrent nulle exaction contre l'Arbre, aussi les humains acceptèrent ils qu'ils restent.

Pourtant, les autres saisonins voyaient d'un mauvais œil cette cohabitation entre le peuple du frimas et celui des fils des eaux. Avec le peuple de l'hiver, le froid restait dans

la vallée de l'arbre et la Forêt d'Ebène (car les pousses de l'Arbre avaient donné naissance à une magnifique forêt dans la vallée de l'Arrivée des premiers nés). Voyant que tout était fait, et que tant que le froid serait là nulle autre saison ne donnerait ses fruits, les saisonins des trois premières saisons décidèrent de fourbir leurs armées. Comme les peuples du frimas, leur saison prendrait contrôle de l'Arbre, et leurs fruits seraient les seuls à faire surface.

   LA GUERRE
Les armées se lancèrent simultanément sur le champ de bataille, leurs cris emplissant la vallée de l'Arrivée. Les humains et les saisonins de l'hiver

Guth Enmillsson sembla s'en rendre compte. Comprenant que l'Arbre n'était plus qu'un symbole, et que des centaines de personnes mourraient pour lui, il rassembla quelques héros, ses fils et ses filles, et à la faveur de la nuit mit le feu au tronc. Pour faire bonne mesure, et pour éviter que le massacre ne perdure à l'avenir, il mit également le feu aux autres Nefs.

La nuit s'embrasa, alors que l'Arbre, semble-t-il encore un peu vivant arracha ses dernières racines pour battre le sol au rythme de son agonie. Dans la secousse qui s'ensuivit, la mer afflua dans la vallée. A l'aube, l'Arbre avait disparu, les survivants des treize peuples avaient oublié leurs querelles pour survivre, et la Forêt d'Ebène était devenu un golfe.

 

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